15/02/2013
Un poème
Amoureuse
C’est le matin
tu es parti
L’amour est venu
tu es absent
que peut-on faire
la couleur des murs ne va pas aux rideaux
et celle du tapis ni aux uns ni aux autres
Aujourd’hui c’est l’anniversaire de la naissance de duc Ellington
à la Maison Blanche aussi il y une fête, disait la radio
Dieu merci, les Chapeaux blancs n’ont pas mangé le Duc
Dieu merci, quand tu n’es pas là vient la solitude
Dieu merci c’est l’automne
le marchand ambulant chante la primeur de grenade la grenade
aussi voudrais-je boire un verre de vin à la santé du Duc
et me mets à pleurer
tout le monde se ressemble dans cette contrée
qu’importe
si l’on y boit le matin ou le soir
Un poème de la poétesse Tahereh, "figure majeure du Bahaïsme,première Iranienne à avoir retiré son voile, en 1845, devant une assemblée d'hommes. Une contemporaine de George Sand.
Sur le chemin de la libération, elle se débarrassa, comme de vieux haillons, de son mari, de ses enfants, de son foulard et de sa vie.
Elle fut étranglée, à Téhéran,dans une petite chambre de la maison du chef de la police."
Ces quelques lignes sont dans les premières pages du très beau roman de Nahal Tajadod, "Elle joue" bouleversant
Deux femmes se parlent. deux Iraniennes. deux femmes se racontent...
Encore quelques pages à lire....
10:05 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : un poeme, tahareh
16/08/2012
Blues de l'escalier
Blues castillan (1961-1966)
Blues de l'escalier
Une femme monte dans l'escalier
elle a un chaudron plein de peines.
Une femme monte dans l'escalier
elle porte le chaudron des peines.
J'ai rencontré dans l'escalier la femme
et devant moi elle a baissé les yeux.
J'ai rencontré la femme et son chaudron.
Je n'aurai plus la paix dans l'escalier
Antonio Gamoneda " le poète de l'oralité silencieuse"
Parle-moi pour que je connaisse la pureté des paroles inutiles,
que j’entende siffler la vieillesse, que je comprenne
la voix sans espoir.
Pierres Gravées
Source Esprits nomades
15:02 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : un poème
06/11/2011
Le vent
Un poème , quelques lignes....
Et subitement, tout d'un bloc,
Il se déchaîne.
Il met le feuillage en haillons,
Sabre les blés sur les sillons,
Prend l'herbe dans ses tourbillons,
La tord, la hache :
Il livre même des combats
Aux vieux arbres, de haut en bas,
Et quand il ne les pourfend pas,
Il les arrache !.. .Maurice Rollinat
Gros orage sur le sentier du lac vert , les Pyrénées....
16:56 Publié dans randonnees | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : randos, un poème
30/09/2011
Un poème
Pourquoi je vis ( 1952)
Pourquoi que je vis
Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D'une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D'un pointu du port
Pour l'ombre des stores
Le café glacé
Qu'on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l'eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c'est joli
Boris Vian
20:21 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : un poème, boris vian
14/06/2011
La grasse matinée
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme
la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
dans la vitrine de chez Potin
il s'en fout de sa tête l'homme
il n'y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ce vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines..
Un peu plus loin le bistrot
café-crème et croissants chauds
l'homme titube
et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
oeuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !...
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Jacques Prévert
09:02 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : prévert, un poème, la grasse matinée
24/05/2011
Un poème
La belle au bois dormant
p.Verlaine
La Belle au Bois dormait. Cendrillon sommeillait.
Madame Barbe-bleue ? elle attendait ses frères ;
Et le petit Poucet, loin de l'ogre si laid,
Se reposait sur l'herbe en chantant des prières.
L'Oiseau couleur-du-temps planait dans l'air léger
Qui caresse la feuille au sommet des bocages
Très nombreux, tout petits, et rêvant d'ombrager
Semaille, fenaison, et les autres ouvrages.
Les fleurs des champs, les fleurs innombrables des champs,
Plus belles qu'un jardin où l'Homme a mis ses tailles,
Ses coupes et son goût à lui, - les fleurs des gens ! -
Flottaient comme un tissu très fin dans l'or des pailles,
Et, fleurant simple, ôtaient au vent sa crudité,
Au vent fort, mais alors atténué, de l'heure
Où l'après-midi va mourir. Et la bonté
Du paysage au cœur disait : Meurs ou demeure !
Les blés encore verts, les seigles déjà blonds
Accueillaient l'hirondelle en leur flot pacifique.
Un tas de voix d'oiseaux criait vers les sillons
Si doucement qu'il ne faut pas d'autre musique...
Peau d'Ane rentre. On bat la retraite - écoutez ! -
Dans les Etats voisins de Riquet-à-la-Houppe,
Et nous joignons l'auberge, enchantés, esquintés,
Le bon coin où se coupe et se trempe la soupe !
Un extrait du recueil "Amour"
15:26 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : p. verlaine, un poème
30/08/2010
La solitude, un poème
Avec le trop plein d’un seau
Avec cette lampe aux œufs d’or
Sur la desserte de la neige
Quand il a bien fait froid dehors
Avec une route où s’avance
Un cheval qui n’est pas d’ici
Avec l’enfant glacé tout seul
Dans un autocar de rêve
Avec des villes consumées
Dans le désert de ma mémoire
Un ciel d’épines et de craie
Où le soleil ne vient plus boire
Avec l’idiot désemparé
Devant ses mains qui le prolongent
Et dont le cœur comme une oronge
Suscite un désir de forêt
Avec toi qui me dissimules
Sous les tentures de ta chair
Je recommence le monde.
(René-Guy CADOU, Les sept péchés capitaux, 1949)
06:02 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : un poème, rené guy cadou